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Cohabitat Gaspé – Un nouveau projet d’habitation mariant vie privée et vie sociale en Gaspésie
Cohabitat Gaspé – Un nouveau projet d’habitation mariant vie privée et vie sociale en Gaspésie
Bien qu’elle ne soit pas originaire de la Gaspésie, Océanne Brochu a toujours su qu’elle y ferait sa vie. Après ses études universitaires en 2019, elle s’est finalement installée à Gaspé où vivait sa famille depuis 2013. Depuis son arrivée, Océanne se consacre à sa carrière, mais aussi à un beau projet d’habitation au modèle encore peu connu au Québec: le cohabitat. Voici son histoire.
Océanne, son conjoint et ses parents ont acheté un terrain de 92 acres en 2021 à Gaspé, « entre les Chic-Chocs et le Saint-Laurent », comme dit Océanne, dans le but d’y développer un cohabitat. Cohabitat Québec définit les cohabitats comme étant « des communautés intentionnelles de voisinage participatif qui offrent dans une atmosphère sécuritaire et enrichissante, à la fois les avantages de la propriété privée et ceux de généreux aménagements communs ».
En somme, une personne vivant dans un cohabitat est propriétaire de son unité où elle cultive son intimité, tout en profitant aussi d’espaces communs. Dans un cohabitat, l’aménagement du terrain et l’architecture sont réfléchis de sorte à favoriser le partage, l’échange, et la tenue d’activités sociales.
Dans les mots d’Océanne: « On réalise l’importance de la vie privée et le cohabitat est pour nous le meilleur mix entre la propriété privée et la vie en communauté. Selon nous, avoir son espace privé et son intimité nous permet de vivre le collectif encore mieux ».
Quand on demande à Océanne pourquoi elle a fait le choix de vivre en cohabitat avec ses parents, elle répond : « Je réalise que je vieillis, que mes parents vieillissent et que ça me tente de vivre proche d’eux, de partager le quotidien avec ceux que j’aime ».
Sa mission en développant ce cohabitat est de « vivre ensemble, briser l’individualisme, la sédentarité, l’isolement pour pouvoir vivre vieux, mieux, dans un milieu de vie qui nous permet de voir nos corps se transformer dans le temps, soutenu par du monde qui nous apprécie, qui prend soin de nous et de veiller les uns sur les autres », explique-t-elle.
Et pourquoi la famille d’Océanne a choisi la Gaspésie? Océanne explique: « Du plus loin que je me souvienne, mes parents disaient qu’un jour on allait déménager en Gaspésie ».
Aujourd’hui, l’« écosystème », d’Océanne, comme elle l’appelle, est à Gaspé: elle y a démarré une clinique offrant des services de santé en plein air, elle a un conjoint diplômé en tourisme d’aventure qui habite la région depuis longtemps, elle est passionnée d’activités en nature et sa sœur habite tout près.
« Et tant qu’à tous habiter la même ville, on s’est dit qu’on devrait se rassembler! », dit Océanne. Elle qui dit avoir « la fibre entrepreneuriale » aime les défis et entreprendre de nouveaux projets.
Pour bénéficier le plus possible du partage et d’un « transfert de savoir », Océanne et sa famille souhaitent partager le terrain avec 14 autres « noyaux », c’est-à-dire des ménages, que ce soit des familles, des couples ou des personnes seules.
L’idée est d’avoir une communauté de voisinage participatif avec des espaces communs qui appartiennent à tous les cohabitants, tels qu’un garage, une cuisine collective, un jardin, un cabanon et un atelier.
Aucun bâtiment n’est construit pour l’instant sur le terrain puisque le groupe rencontre actuellement les personnes intéressées par le projet et prévoit rassembler tous ces futurs noyaux durant l’année 2025.
Océanne et son groupe tiennent à ce que tous les futur-es cohabitant-es prennent part aux décisions, comme le choix du modèle de gouvernance et la sélection très importante du fabricant des futures maisons.
« On aime le style scandinave qui se fond bien dans la nature et on aimerait une certaine homogénéité, mais on veut que les autres partagent leurs goûts et réflexions » affirme Océanne.
Au total, le terrain accueillera 2 habitations trifamiliales, 10 unités unifamiliales et un bâtiment commun central, le tout construit sur un maximum de 20 des 92 acres occupant leur terrain. Certaines de ces unités seront disponibles en location. Le groupe vise un aménagement favorisant une conservation forestière et « de petites maisons qui incitent à aller à l’extérieur. »
L’objectif est que « le reste du terrain non aménagé sera pour cueillir, s’amuser, entretenir des petits sentiers… jouer dehors » dit Océanne. Aussi, étant ergothérapeuthe, il est important pour Océanne que le Cohabitat Gaspé soit multigénérationnel, accessible et axé sur la nature.
Puisque d’autres cohabitats existent dans la province, comme à Neuville, Québec et Frelighsburg, et que «promouvoir et partager ce modèle» fait partie des valeurs même du cohabitat, certaines ressources sont à la disposition du groupe pour les aider dans la création du Cohabitat Gaspé.
«On est bien soutenu, ce qui nous permet de ne pas avoir à tout défricher», dit Océanne. Ceci étant dit, chaque cohabitat ayant ses propres couleurs, il est important pour le groupe que le Cohabitat Gaspé soit adapté à la Gaspésie et souhaite par ailleurs développer un modèle hors marché pour favoriser l’abordabilité sur le long terme. « On imagine qu’aucun des cohabitants ne sera propriétaire du terrain.
On souhaite qu’une entité juridique sans but lucratif en soit propriétaire, ce qui permet d’avoir un contrôle sur la spéculation immobilière qui est l’une des causes de la crise du logement actuelle » explique Océanne.
Même si le groupe a reçu du soutien, le développement d’un cohabitat requiert beaucoup de temps: « La moyenne en ce moment c’est 10 ans, du début à la fin, et ça fait déjà 3-4 ans qu’on travaille là-dessus. Nous avons eu beaucoup de discussions avec la ville pour s’assurer de bien comprendre les règlements municipaux » explique Océanne. Quand on demande à Océanne si le groupe a eu des freins à date, elle répond: « Non! Les gens ont beaucoup d’ouverture […] l’entraide, le partage, ça fait du sens surtout pour les Gaspésiens… ».
– L’objectif est que la première cohorte de cohabitants emménage au Cohabitat Gaspé en septembre 2025. Bien que le chemin ait été aménagé et que les travaux d’arpentage aient débuté, plusieurs étapes sont encore à franchir comme certaines études environnementales, le plan d’implantation et la validation du projet final par la Ville de Gaspé.
– Suite à quelques séances d’information qui se sont déroulées 2024, le groupe de futur-es cohabitant-es est actuellement en train de se former. Une dizaine de membres gravitent déjà autour du projet. Ceci étant dit, n’hésitez pas à les contacter via leur page Facebook ou par courriel au cohabitatgaspe@gmail.com si vous êtes intéressé-e au Cohabitat Gaspé.
– Pour en savoir plus sur le modèle du cohabitat, visitez Village Urbain ou lisez cet article du Devoir.