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L’autoconstruction d’une maison bifamiliale comme héritage
L’autoconstruction d’une maison bifamiliale comme héritage
En décembre 2018, à l’aube du début de leur retraite, Sylviane Grenier et Jean-Yves Cormier ont décidé, avec leur fils et leur bru, d’entamer des recherches dans le but de s’installer à la campagne et de construire une maison bifamiliale. Ils y ont finalement déménagé à New Richmond en 2021. On vous raconte l’histoire de leur autoconstruction.
Avant de prendre sa retraite, Sylviane Grenier a été infirmière clinicienne en soins critiques (soins intensifs) à Montréal. C’est probablement cette vocation qui l’a motivée à s’occuper de ses parents à domicile pendant plusieurs années pour leur éviter d’emménager en résidence pour aînés. Chose certaine, Sylviane a un sens familial ancré profondément en elle: elle caressait depuis toujours le rêve de partager une résidence avec ses enfants et ses petits-enfants afin de pouvoir « manger tous ensemble les dimanches comme les Italiens » dit-elle. Elle souhaitait aussi mettre toutes les ressources en place pour éviter, comme ses parents, de se retrouver un jour en résidence pour aînés, loin de ses proches.
C’est suite au départ de ses deux parents, début 2020, que Sylviane ainsi que son mari Jean-Yves, son fils David et sa bru Jessica achètent un terrain d’une superficie d’un acre et demi, en plein village de New Richmond, et entament le projet de construction d’une maison bifamiliale qui durera presque 2 ans. Jean-Yves étant originaire de New Richmond, la famille Cormier-Grenier y ont souvent passé leurs vacances avant de s’y installer. En fait, Jean-Yves, Sylviane et David avaient aussi vécu à New Richmond avant de déménager à Longueuil en 1990 où Sylviane a eu ses deux autres enfants. Il aura fallu 31 ans avant qu’ils déménagent à nouveau en Gaspésie, cette fois avec Jessica qui était aussi tombée sous le charme de la Gaspésie quelques années plus tôt. Tous passionnés de plein air, d’alimentation de proximité et d’activités communautaires ancrées dans le partage, s’installer en Gaspésie faisait du sens.
À leur arrivée à New Richmond, la famille, motivée, joue le rôle de gestionnaire de projet et coordonne tous les corps de métiers impliqués. Sylviane prend la tâche de préparer un repas pour les employés affairés à la construction de la propriété, à tous les dîners, pendant près de 7 mois (!!!). Pour Sylviane, c’est un geste important qui permet de préserver l’harmonie entre tous les professionnels sur le chantier qui ne se connaissent pas forcément.
Pour Sylviane, l’autoconstruction génère certes beaucoup de travail, de préparation et d’investissement en temps, mais selon elle, la satisfaction et les bénéfices dépassent largement tous les efforts déployés. Au-delà des avantages financiers qu’offre une propriété détenue par plusieurs propriétaires, la famille se réjouit de tous les autres avantages de l’autoconstruction en copropriété.
D’abord, leur propriété indivise, qui s’apparente à un duplex à la différence d’avoir des portes communicantes à l’intérieur, est à l’image des valeurs écologiques de la famille. Afin de réduire l’impact de leur habitation, ils ont analysé chacune des étapes de la construction d’un point de vue environnemental, jusqu’à même réfléchir à la couleur de peinture du toit « juste assez foncée pour l’hiver et juste assez pâle pour l’été » comme dit Sylviane. L’autoconstruction permet de se doter d’une maison résiliente et ainsi réduire ses dépenses énergétiques.
Les quatre copropriétaires gagnent au projet de maison bifamiliale et y voient leur qualité de vie améliorée. Il y a une foule d’avantages plus secondaires, comme celui de pouvoir partager des services et des biens, mais pour Sylviane, c’est « de savoir que l’autre est toujours là » qui est le plus important. Le legs de la vie en maison bifamiliale est immense, autant pour elle que pour ses enfants. Que son petit-fils de 8 mois, qui est né dans cette maison, la reconnaisse parce qu’il la voit tous les jours, c’est précieux pour elle. En contrepartie, que David et Jessica, sans place en garderie pour leur fils, profitent de la proximité de Sylviane et Jean-Yves pour assurer la garde 3 jours/semaine, est une chance inouïe. Sylviane ne pensait pas inspirer d’autres membres de sa famille à faire le même choix, comme c’est le cas de leur fille qui a pris la récente décision de quitter Montréal pour les rejoindre en se lançant à son tour dans l’autoconstruction à New Richmond grâce à une opportunité de terrains abordables qu’offrait la municipalité. « C’est un grand bonheur » dit Sylviane qui n’aurait jamais pensé que sa fille se rapprocherait aussi un jour.
La famille a aussi développé de nouvelles amitiés, s’est intégrée à la communauté et essaie de nouvelles activités. Sylviane est même passée du flamenco, qu’elle pratiquait à Montréal, à… la danse en ligne! Comme quoi, la vie en maison bifamiliale apporte son lot de surprises insoupçonnées.
À ceux et celles qui disent à Sylviane que ce type de projet est complexe, elle répond:
« Il faut réaliser que ce qui a l’air d’une montagne au départ, eh bien on est toute une famille à la traverser ensemble ».
Les conseils de Sylviane pour un projet de construction familiale:
- Être sur place pendant la construction
- Être disponible en temps et en énergie
- Savoir bien communiquer avec ses proches qui font partie du projet
- Être bien préparé et organisé; la famille doit se partager les tâches, selon les forces et intérêts de chacun-e