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Nancy Goulet, Accélératrice de projets immobiliers communautaires en habitation collective dans la MRC Avignon pour le Groupe Ressource en Logements Collectifs
Nancy Goulet, Accélératrice de projets immobiliers communautaires en habitation collective dans la MRC Avignon pour le Groupe Ressource en Logements Collectifs
Nancy Goulet, MRC d’Avignon
Saviez-vous qu’en Gaspésie il y a des professionnels responsables « d’accélérer » les projets d’habitation? En fait, la Gaspésie fut la première région à embaucher des personnes qui ont ce mandat. Nancy, qui a un profil professionnel atypique, mais qui a toujours eu des emplois lui permettant « de rendre les gens heureux », fut la toute première personne à adopter le chapeau d’accélératrice de projets immobiliers communautaires en habitation collective. C’était en 2020 et elle nous raconte son expérience.
Pauline Gallant, directrice de l’office municipal d’habitation de Saint-François-d’Assise et Nancy Goulet, accélératrice de projets immobiliers communautaires en habitation collective dans la MRC d’Avignon
Un·e accélérateur·trice, c’est quoi?
Ils et elles ont pour mission d’accompagner les organismes communautaires à développer leurs projets d’habitation, de l’idée de départ jusqu’à ce que le projet soit prêt à être mis en chantier. Nancy Goulet dans Avignon et David Vincent dans Côte-de-Gaspé, par exemple, s’assurent premièrement que chaque projet réponde à un besoin, qu’il soit réaliste et, surtout, qu’il soit réalisable, d’un point de vue technique comme financier. Elle coordonne tous les détails avec les divers intervenants (arpenteur, municipalité, MRC, etc.), réalise les montages financiers, recrute les professionnel·les nécessaires et dépose les projets dans les programmes financiers pertinents. Elle réalise toutes les tâches qui sont requises avant le début de la construction d’un projet d’habitation.
Les projets sur lesquels travaille Nancy sont variés et répondent aux besoins de clientèles différentes: logements pour personnes plus vulnérables, habitations pour aînés autonomes, projets de conversion d’église ou d’école, hébergement pour femmes vivant des violences conjugales, habitations avec une garderie en milieu familial, entre autres.
Bien que les projets en habitation soient la priorité, les accélérateurs·trices peuvent aussi soutenir le développement de certains projets communautaires comme des CPE ou encore des salles communautaires. Les types de projets peuvent être autant des projets de rénovation que des projets de constructions neuves, pourvu qu’il s’agisse de projets collectifs (et non privés).
Peu importe la vocation d’un nouveau projet, que ce soit une résidence étudiante ou une résidence pour personnes âgées, chaque nouveau projet d’habitation constitue une solution à la crise du logement puisqu’il libère des habitations. Comme Nancy l’explique:
« Je travaille sur un projet de 12 logements en RPA [résidence pour aînés], ce projet fera en sorte que peut-être 12 personnes vont vendre leur maison à 12 familles et, en plus, ces personnes en RPA vont sûrement vivre plus longtemps, car elles n’auront pas à supporter le poids d’une maison ».
Qu’est-ce qui a motivé Nancy à prendre ce poste?
Elle s’exclame: « Le titre! J’aime que les choses se fassent vite et bien […], j’aime trouver des solutions, être dans le concret ».
Nancy, qui dit avoir une « facilité pour aller chercher ses alliés » a appris à s’entourer de gens qui peuvent répondre à ses questions. Selon elle, c’est justement la concertation avec le milieu et la collaboration qui fait en sorte qu’un projet puisse voir le jour. Et travailler en équipe pour trouver des solutions, c’est justement ce qu’elle préfère de son travail:
« Ça m’amène à collaborer avec des professionnels de tous les milieux et avec les élus », dit-elle.
Parce qu’elle a de l’expérience en gestion de projet, Nancy s’est vu confier la charge des projets en habitation, en plus de son rôle d’accélératrice, c’est-à-dire qu’elle gère aussi certains chantiers de projets d’habitation. « Avant, j’étais organisatrice d’événements spéciaux et quand on organise un événement, il faut que tout le monde travaille en équipe pour arriver au jour J, c’est la même chose en construction. »
Villa Rayon de Soleil de Saint-François-d’Assise
Le projet de résidence pour retraités Villa Rayon de Soleil de Saint-François-d’Assise en est un dont Nancy est particulièrement fière, car c’est le premier projet complété qu’elle a mené. Elle s’est autant chargée de la conception (la partie « accélération ») de ces nouvelles résidences que de leur construction sur le terrain. Elle souhaitait mener le projet de A à Z, car elle se disait:
« Plus je vais apprendre ce qui se passe une fois rendu sur le chantier, meilleure je serai pour conseiller les organisations en amont, qui sont en phase de conception de leurs projets ».
Les résidents de la Villa Rayon de Soleil, qui auraient eu à déménager à Maria ou à Amqui sans cette nouvelle résidence, ont emménagé le 1er juillet 2024.
Nancy travaille sur plusieurs projets en accélération en même temps et fait face à de grands défis au quotidien. Les situations peuvent être compliquées et elle doit souvent négocier avec diverses organisations, ce qui peut retarder un projet de plusieurs mois.
« C’est comme si j’avais deux casse-têtes de 500 morceaux qui ont tous été mélangés ensemble et il faut que j’essaie de faire un casse-tête qui se tienne » explique Nancy.
Plus qu’un travail, un défi
Parce que le besoin en solutions d’habitation est criant, Nancy dit qu’elle ne peut se permettre d’attendre des réponses à ses questions trop longtemps. Elle dit:
« C’est incroyable tout ce qui se passe tous les jours… j’ai jamais parlé à autant de monde dans ma vie pour trouver des solutions à des problèmes. »
Elle doit faire comprendre aux décideurs et décideuses l’importance des projets des organismes qu’elle représente:
« On ne peut pas attendre, on est toujours en négociation, on parle à notre député, au MAMH, à notre préfet, on essaie de mettre sur pied des stratégies… par exemple, une semaine je peux avoir une rencontre avec la Ministre de l’habitation, deux maires et un député pour discuter d’un projet que je tente de mettre sur pied ».
Nancy retire une grande satisfaction de son travail: « Ma mission est de participer à créer un meilleur milieu de vie, que les gens aient un toit […], je me dis que si les gens ont un toit adéquat, ils seront heureux. »
Ce qu’elle aimerait dire aux Gaspésiens et Gaspésiennes qui attendent une solution d’habitation?
« Il y a beaucoup de beaux projets et on travaille tellement fort pour que ça fonctionne, mais ce sont de longs processus. Aussi, plusieurs projets sont sur la ligne d’arrivée, prêts, mais ils n’ont pas nécessairement reçu le financement du fédéral et si le projet est en attente, ce n’est pas parce que nous n’avons pas fait notre travail au régional ».
Elle ajoute: « J’aimerais que les gens comprennent ce qu’est notre travail, tout ce que l’on fait pour arriver jusqu’à la construction d’un nouveau projet; contrairement au privé qui peut se permettre de lancer un projet d’habitation et conjuguer avec les imprévus au jour le jour, moi je dois avoir tout prévu en amont […] on ne veut pas aller trop vite et après faire faillite ou avoir à demander un loyer trop cher parce que nous avions mal calculé nos coûts.
Notre rôle est de tout calculer, de prévoir l’imprévu, de faire le budget de construction, mais aussi celui d’exploitation, c’est comme cela que l’on peut commencer un projet avec un organisme qui a 0 $ au départ et qui termine avec un projet à 10 millions. Si on a bien fait nos calculs, on sait que c’est viable ».
Les accélérateurs·trices, autrefois financé·es par le Groupe ressource en logements collectifs, relèvent toujours de cet organisme, mais font maintenant partie des équipes des MRC de la Gaspésie. C’est une façon pour les MRC de s’impliquer dans l’avancement des projets en habitation puisqu’autrement elles n’ont pas l’autorité de financer de tels projets.