DES IDÉES qui sortent
de la boîte
S’engager à trouver un logement pour un employé
S’engager à trouver un logement pour un employé: un levier pour attirer des nouveaux arrivants et dynamiser les communautés gaspésiennes
L’histoire de Jonathan Lafontaine de Nadeau matériaux de construction Home Hardware
Jonathan Lafontaine, gérant de magasin chez Nadeau matériaux de construction Home Hardware à l’Anse-à-Beaufils, a trouvé un logement pour Séverin Fotsing, un nouvel arrivant qui est arrivé du Cameroun au printemps 2024 pour travailler à la quincaillerie. On lui a parlé quelques mois après l’arrivée de Séverin afin qu’il nous raconte son expérience.
Les discussions entre Jonathan et Séverin ont débuté en février 2023, plus d’un an avant son arrivée en Gaspésie. Après de longues préparations, plusieurs documents à remplir, beaucoup de recherches pour trouver les bons billets d’avion et de longs mois d’attente, Séverin est atterri à Bonaventure le 30 mars 2024. Jonathan avait non seulement convaincu le propriétaire de Nadeau matériaux Home Hardware d’accueillir un nouvel arrivant, mais il avait aussi organisé son arrivée et son hébergement! Il a fait de longues recherches pour mettre la main sur un logement confortable et abordable, logement qu’il a lui-même meublé et tout équipé.
Avec sa conjointe Geneviève et leurs enfants, ils ont même décoré cet appartement pour le rendre le plus chaleureux possible, ajoute Jonathan.
« On a même mis des cadres sur les murs! On voulait qu’il soit bien et qu’il n’ait pas le goût de regretter son choix. Déjà qu’il abandonne tout, il fallait que ce soit attrayant. »
En préparation à l’arrivée de Séverin, Jonathan a pris soin de suivre une formation portant sur l’accueil de travailleurs étrangers où il a rencontré Fanny Lamarre du Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) qui fut d’une grande aide et qui a plus tard accompagné Séverin lors sa première journée en Gaspésie avec plusieurs formalités comme l’ouverture d’un compte bancaire. Le jour de l’arrivée de Séverin, Jonathan est allé le chercher à l’aéroport (lors d’un congé!) et l’a conduit chez MC2 afin de lui trouver des vêtements convenables au climat et au travail qu’il allait accomplir à la quincaillerie. La copropriétaire du magasin, Catherine Duguay, a même ouvert la boutique juste pour Séverin: une belle démonstration de l’entraide qui règne au sein des petites communautés gaspésiennes.
Jonathan souhaitait que le logement de Séverin soit bien situé car, bien qu’il l’avait avisé qu’il vivrait dans un « village », il craignait qu’il soit déçu de la ruralité du milieu. Finalement, Séverin, qui est situé en plein cœur de Cap-d’Espoir et à distance de marche de tous les services, qualifie Cap-d’Espoir de « grande ville »!
Selon Jonathan, trouver un hébergement à un employé permet de lui retirer une grande pression, que la personne vienne de l’étranger ou du Québec: « Tu leur enlèves un casse-tête, on a des ressources qu’eux n’ont pas, c’est déjà beaucoup pour eux d’avoir à déménager pour travailler ». Et qu’en retire l’entreprise? Selon Jonathan:
« La personne voit que tu t’intéresses à lui et que tu tiens à lui; c’est sûr que l’entreprise y gagne. Il y a tellement de commerces qui cherchent des employés que si tu as ce plus à offrir, c’est une plus-value pour la compagnie c’est certain ». Il ajoute: « En tant qu’entreprise, c’est bon d’avoir un employé qui est content de travailler, qui est reconnaissant, ça vaut les efforts que tu as mis pour l’aider à trouver un logement […] En plus, dans le cas de Séverin, il amène sa personnalité qui est différente, c’est une personne ricaneuse, de bonne humeur, attachante, qui a toujours le sourire fendu aux lèvres et, en plus, tous les clients l’adorent […] Et les employés! J’ai travaillé fort pour le faire venir mais les autres employés lui donnent un accueil incroyable pour qu’il se sente bien, ça se taquine maintenant et il embarque là-dedans, c’est beau à voir, tu entends les rires dans le magasin…».
C’est évident que cette expérience a rapproché Jonathan et Séverin qui sont devenus des amis dans le processus. Ils covoiturent, s’entraident et soupent régulièrement ensemble. Jonathan et Séverin ont échangé ensemble pendant plus d’un an via Whatsapp avant l’arrivée de Séverin en Gaspésie. Séverin avait même apporté un cadeau au fils de Jonathan, un jersey de soccer de l’équipe du Cameroun: « En tout cas, mon fils a pété de la broue à l’école! » dit Jonathan. Mais au-delà de l’amitié entre les deux collègues, héberger un nouvel arrivant a un grand impact dans une communauté comme Cap-d’Espoir. Jonathan:
« Ça apporte plein de bonnes choses; par exemple, Séverin est venu nous aider à refaire les terrains de soccer de la communauté. […] Du côté sud [de la Gaspésie], on commence à avoir de plus en plus de diversité… vingt familles ivoiriennes sont arrivées à Chandler, nous avons des Tunisiens, des Marocains, des Congolais, des Sénégalais et 60 Mexicains vivent tout près de chez moi… on gagne tous à côtoyer des gens qui proviennent d’horizons différents, on apprend d’eux autant qu’eux apprennent de nous ».
Est-ce que Jonathan et l’entreprise souhaitent refaire l’expérience? « Je le referais demain matin! dit Jonathan». En fait, la quincaillerie accueillera, cet automne, son deuxième employé originaire du Cameroun, Dimitri, pour cohabiter et travailler avec Séverin.
Sur une note rigolote, bien qu’il soit arrivé à la fin mars, Séverin a eu le temps de vivre sa première tempête hivernale. Et que pense-t-il du climat gaspésien? Après avoir publié une photo de lui en train de pelleter sa galerie, il s’exclama: « Je pensais qu’il y avait un volcan en-dessous de la maison! ».